Irreversible, avec Monica B. et mari. Immonde, insoutenable, par deux fois. Car oui, il y a deux scenes abjectes. Je comprends mieux le scandale cause par cette chose a Cannes il y a quelques annees. Si on arrive a faire abstraction de ces scenes (lire regarder vaguement ce qui se passe en se cachant les yeux derriere un coussin par exemple), le film est epoustouflant. Monte a l'envers donc, on commence par la fin de l'histoire, et on rembobine a la sequence suivante, et ainsi de suite jusqu'a une fin (donc un debut) qui rend toute l'histoire encore plus "atroce", parce qu'on connait ce qui se passera dans quelques heures (et qui rend la construction du film encore plus interessante). Chaque scene est un plan sequence, et est filmee en fonction de l'etat d'esprit des personnages. On commence donc par une camera qui bondit et tangue dans tous les sens, a l'image de l'etat mental de Vincent Cassel dans la premiere sequence ; non seulement la facon de filmer, mais aussi le climat (une boite SM gay glauquissime), et ce qui passe (un meurtre hard-core), tout concourre a ecoeurer le spectateur. Heureusement, les choses iront en se "calmant", a mesure que l'on deroule l'echeveau des dernieres heures ecoulees. Les dialogues sont "lamentables" -super banals et sans saveur- mais relevent principalement de l'improvisation du trio d'acteurs principal (et a ce petit jeu, Monica n'est helas pas tres douee). Toutefois, on se "rejouit" de l'evolution des personnages, qui perce a travers de ces quelques echanges.
Au final, est-ce de la violance gratuite? Pas vraiment, le message du realisateur est bien "la violence ne resoud rien" (a condition que le spectateur soit suffisamment observateur. Auquel cas il pourra savourer toute "l'horreur quotidienne" contenue dans ce film). Bref, fortement recommande si vous avez les nerfs et l'estomac solides.
La Moustache, avec Vincent Lindon et Emmanuelle Devos. Un couple ordinaire, elle lui demande a quoi il ressemblerait sans sa moustache. Elle part faire des courses, il se rase pendant ce temps, mais elle ne lui fait aucune remarque a son retour. Il est ignore de la meme facon au diner qu'il a le soir meme avec son epouse et un couple d'amis. Vincent prend la mouche, mais son epouse lui demande quelle est cette nouvelle lubie qu'il a, puisqu'il n'a JAMAIS porte de moustache. A partir de cet instant, la vie bascule completement, et les certitudes s'effacent : est-elle de mauvaise foi? Ou bien a-t-il des troubles de la memoire? Ce n'est helas que le commencement d'une serie de petits riens qui vont amener Vincent aux portes de la folie.
Le theme est appetissant : comment un detail fait basculer la vie d'une personne. Surtout que pour le spectateur, Vincent a porte une moustache : on l'a vu dans la premiere scene. Alors machination? Reve? Autre? La construction du film, et toute la premiere partie sont magistraux. La seconde partie bascule dans une sorte de fantastique quotidien aux confins de la demence dont je ne suis pas sur d'avoir saisi tous les tenants et les aboutissants. Et c'est bien la le drame. Si le duo d'acteurs est proprement epatant, l'histoire peche vraiment par son developpement, et surtout une fin en queue de poisson qui laisse le spectateur a se demander si c'etait de l'art ou du cochon. Bref, pour les amateurs de film francais qui aiment se prendre un peu la tete, l'ambiance est revee. Mais la fin est trop insatisfaisante a mon gout.
Mention speciale au tres obsedant Concerto pour violon de Philip Glass, utilise comme theme unique pour tout le film. Si je vomis la musique minimaliste par tous les pores de ma peau (et Glass en particulier), cette musique est non seulement belle, melodique, facile a retenir, mais aussi parfaitement adaptee au film. J'en ai tellement redemande que j'ai meme achete le CD! :sweatdrop:
Quant a Ghostbusters... "J'ai passe la nuit a discuter avec Rudolf Valentino. - Et? - Et il est mort depuis plus d'un demi-siecle!". Ou bien "Etes-vous le Maitre des Clefs? - Non. (Vlam, porte qui se ferme. On frappe a nouveau). - Etes-vous le Maitre des Clefs? OUIIIIII!" :roule: Et le "Prends-moi maintenant, sous-creature!". Des dialogues inoubliables, vraiment. :mdr: