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Topic: Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral! (Read 6915 times) previous topic - next topic

Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Enfin une enquete venant etayer ce que je m'evertue a faire comprendre a mes collegues expatries dont les enfants sont au lycee francais de Tokyo :

Quote

Teachers in Japan work longer
NHK -- Jun 25

An international survey shows that teachers in Japan work longer hours than those in other countries. They also had the lowest self-assessments among teachers in the countries and territories surveyed.

The Organization for Economic Cooperation and Development, or OECD, last year conducted the teaching and learning survey in 34 countries and territories.

Japan was surveyed for the first time. About 3,700 junior high school principals and teachers responded.

They said they work 53.9 hours per week on average. That's about 1.4 times the international average.

Japanese teachers have classes for 17.7 hours a week -- less than the international average of 19.3 hours. But they spend 7.7 hours on students' extracurricular activities -- more than 3 times the international average. The number of hours they spend on clerical work is about twice the international average.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=CO43zdVnoY8



Un prof au Japon, c'est 7j/7 (competitions de sport le week-end), et tres peu de vacances : 1 mois l'ete, et 15 jours entre mars et avril (fin de l'annee scolaire). Et encore entre les deux annees scolaires (les 15 jours au printemps donc), ils sont sans doute tous les jours physiquement a l'ecole, ou presque (sotsugyoshiki, preparation de la rentree, etc.).

Bref, une vraie vocation, car eux non plus ne gagnent pas beaucoup (mais plus que les profs Fr qui sont payes comme au McDo d'apres ce qu'on peut lire parfois...).


"Honey badger don't care"

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #1
D'accord. Tu viens de démontrer qu'au Japon, le temps de travail est plus important et les vacances moins longues. Du coup, cela impacte les profs.Il en demeure cependant qu'ils ont environ quatre semaines de vacances de plus que le salaryman moyen.

Enfin, je sais pas, que voulais-tu prouver ?
" En France, les peines d'argent durent plus longtemps que les peines
de coeur et se transmettent de génération en génération. "

 ( Silhouette du scandale )
Aymé, Marcel

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #2
C'est vrai que je n'ai pas lancé vraiment le topic. Il se trouve que j'ai lu récemment des articles sur le sujet qui m'ont paru intéressant, et comme vous êtes quelques uns ici dans la profession j'aurai voulu avoir vos avis.

Par exemple sur l'idée de recruter les profs à bac+1 et de les former jusqu'à bac+5 : http://rue89.nouvelobs.com/2014/06/18/francois-dubet-recruter-les-profs-a-bac5-cest-erreur-252636

Ou bien encore sur la crise de recrutement ou la crise de vocation : http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-qui-voudrait-devenir-prof-aujourd-hui-03-05-2014-1818764_1886.php

"Honey badger don't care"

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #3
D'accord...

Bon... Je pense qu'effectivement, le recrutement par concours ne satisfait que les anciens et les nostalgiques d'un corporatisme élitiste qui n'a plus de place dans notre société (où-est ce qu'un professeur agrégé hors classe est-il prestigieux ailleurs que dans une salle de prof ?)
La plupart des pays, Japon notamment, passent par une formation plus intégrée avec des examens, des stages AVANT la fin des études et j'en passe...
Je ne sais pas s'il faut recruter à bac +1 ou 3 mais il me paraît nécessaire de passer ou moins deux ans de formation à la fois pédagogique, scientifique et générale sur le métier tout en pratiquant des stages pratiques de plus en plus longs... Et avec des paliers ressemblant à ceux du DEUG (en d'autres termes, si tu échoues trop de fois, tu es recalé)
Mais il faut comprendre une chose : cela coûterait trop cher.

Et dans l'éducation nationale, tout est une question de fric. Pas de performance, pas d'efficacité, pas de l'avenir de l'enfant. C'est le Fric qui domine la nomenklatura de l'éducation nationale. Le fric et rien que le fric. Et je parle pas de salaire à augmenter hein, je parle de conditions de formation, de travail, les remédiations pour les élèves dès la cinquième etc etc...

Pour le Japon, franchement, on ne peut pas comparer. Tu es bien placé pour savoir que nos sociétés diffèrent radicalement, notamment dans l'intégration des individus à des systèmes très corporatistes... Et cela commence à l'école. Un truc tout simple :
En France, un enfant va à l'école, il fait du théâtre dans une troupe de théâtre, il pratique un sport dans un club de sport... Etc etc.
Au Japon, tout est intégré à l'école.
Nous avons bien en France des "clubs", l'UNSS... Mais ça n'a rien à voir avec le Japon. Nos activités extrascolaires (qui sont scolaires au Japon) sont plus importantes que ces activités souvent pratiquées pour les demi pensionnaires qui s'ennuient.

Et ce modèle se suit au Japon avec les clubs de sociabilité (loisir, sportif et autre) dans les entreprises.

Du coup, le rôle de l'enseignant ne peut pas être le même. Et je ne parle pas du fait que les Japonais n'apprennent pas du tout la même chose que les Français. Par ailleurs, et finalement, je suis pas convaincu qu'un prof japonais ait le bagage scientifique d'un prof français. Mais là par contre, je m'en tiens au cliché du manga qui reproduit invariablement le prof en train de relire un bouquin.
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 ( Silhouette du scandale )
Aymé, Marcel

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #4
Telle une cocotte minute, la pression augmente à chaque fois que je me rends compte que seule la presse que j'abhorre, c'est à dire le Figaro, Causeur et le Point, critiquent la Réforme du collège et généralement l'action du Ministère de l'Education.
Nous sommes en présence d'un vaste enfumage où le corps enseignant est méprisé comme il n'a jamais été par son ministère de tutelle avec l'assentiment total du peuple et de la presse de gauche, censée être un peu plus concernée en temps normal.
Nous vivons des évolutions dont le seul objectif, comme je l'avais déjà évoqué, est de faire des coupes budgétaires ou d'augmenter la quantité de travail aux détriments de tous les acteurs de l'Ecole et j'y inclus les enfants, en premier lieu.

Et rien ne se passe. Tout va bien.

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 ( Silhouette du scandale )
Aymé, Marcel

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #5
Rien que pour toi:

http://www.liberation.fr/france/2015/10/29/qui-fait-du-latin-au-college-avant-tout-les-enfants-de-profs_1409756

On notera le titre bien réducteur au passage.

J'ai lu l'article et... c'est quoi cet enfonçage de portes ouvertes? Évidemment que les gosses qui prennent latin en 5ème sont ceux qui ont le plus de facilités! Le gamin qui rame tout ce qu'il peut en maths et en français (et en tout le reste d'ailleurs)  en 6ème et qui a du mal à suivre, il ne va pas *en plus* prendre latin en 5ème. Déjà qu'il ne s'en sort pas, heinµ... Et tout aussi logiquement, ceux qui ont pris latin vont forcément avoir plus de réussite au lycée, non pas parce qu'ils ont fait latin, mais tout simplement parce qu'ils sont meilleurs que les autres, point barre.

Vouloir relier le fait de prendre latin à une amélioration des compétences de l'élève, tel que c'est sous entendu dans l'article même s'il s'en défend, c'est nawak.

Et ce qui marchait il y a 25 ans, à savoir faire prendre latin à un gamin pour qu'il soit automatiquement affecté (sous réserve de son dossier) dans la meilleure classe avec les meilleurs élèves et avec les meilleurs profs (où là, effectivement, on pouvait espérer que le gamin serait tiré vers le haut...), ne marche plus aujourd'hui, et depuis fort longtemps.

Je ne comprends fondamentalement pas l'intérêt de cet article, ni son but. Défendre la réforme? Genre "regardez, en supprimant le latin, on supprime les inégalités sociales à l'école"?

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #6
Quand on aligne les éléments, la trajectoire de l'école publique en France fait peur:

  • Enseignants globalement mal payé quand on compare aux pays voisins (mais aussi par rapport aux emmerdes d'un métier de plus en plus dur finalement) Ce qui a fatalement un impact sur la motivation

  • Des classes de plus en plus chargées

  • Une compétition délirante des parents pour mettre leurs enfants dans les lycées "au top" (Pourtant, pour le gamin il vaut souvent largement mieux être bon dans un établissement moyen que médiocre dans un établissement d'élite). Je me rappelle d'une discussion avec une collègue qui m'expliquait sa stratégie pour que son gamin intègre le collège-lycée international de Lyon… Le gamin a actuellement 3 ans. Elle se projetait donc dans 9 ans. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire. :peur:

  • Une incapacité de plus en plus nette du système de fournir les bases à tous les élèves, principalement ceux dont les parents ne peuvent aider leurs enfants ou leur payer des cours du soir. L'école participe donc à la ségrégation sociale.

  • Une absence totale d'anticipation du politique par rapport à l'évolution du nombre d'élèves. Donnée qui est pourtant prévisible (en 1ere année de maternelle, il suffit de prendre le nombre de naissances 3 ans avant… À la fac il y a 19 ans pour anticiper. Pourtant les classes débordent systématiquement quand une année "forte" arrive.



Et comme seule solution, on supprime les enseignements "pointus". Résultat, les familles qui ont les moyens vont partir vers l'enseignement privé et on va avoir une école publique qui va petit à petit se transformer en repoussoir où seuls ceux qui ne peuvent pas faire autrement mettront leurs enfants.

Une telle politique ne présage rien de bon à court, moyen et long terme.

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #7
Quote
Et comme seule solution, on supprime les enseignements "pointus". Résultat, les familles qui ont les moyens vont partir vers l'enseignement privé et on va avoir une école publique qui va petit à petit se transformer en repoussoir où seuls ceux qui ne peuvent pas faire autrement mettront leurs enfants.


Tout à fait d'accord avec ça. Alors, oui, c'est vrai que c'est difficile de contenter tout le monde et de donner à chaque gamin les moyens de s'épanouir en fonction de ses capacités, dans le cadre d'une grosse machine comme l'EN, mais ce n'est pas en élaguant sauvagement comme ils le font aujourd'hui qu'ils y arriveront, c'est clair.

L'équité, oui, bien sûr, c'est le principe qui doit régir les choses. Mais ils confondent trop souvent équité avec égalité et cette confusion nous mène aux aberrations constatées. Qu'on donne les mêmes chances, les mêmes moyens, à tous les gosses, c'est normal (et ce n'est pas le cas partout), c'est équitable. Après, ce que chaque gosse va en faire, c'est un autre problème. L'inégalité existera toujours, qu'elle soit sociale et/ou intellectuelle. On ne peut pas empêcher les parents qui ont les moyens de payer des cours particuliers aux gamins, ou ceux qui ont le temps et les capacités de les aider à la maison, de les encadrer et de les suivre. Mais parce que d'autres n'ont pas cette chance, doit-on pour autant empêcher ceux mieux lotis de réussir? Et pourquoi y a t il plein de gamins qui s'en sortent très bien à l'école malgré un contexte socio-économique difficile et/ou un entourage qui est tout sauf CSP+?

Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond...

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #8
On est clairement dans un nivellement par le bas. C'est consternant.
Je vous sers un ver ?

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #9

Et comme seule solution, on supprime les enseignements "pointus". Résultat, les familles qui ont les moyens vont partir vers l'enseignement privé et on va avoir une école publique qui va petit à petit se transformer en repoussoir où seuls ceux qui ne peuvent pas faire autrement mettront leurs enfants.

Une telle politique ne présage rien de bon à court, moyen et long terme.


De là, la seule conclusion possible à ton post est qu'il y a une volonté politique réelle de privatiser l'éducation, de marchandiser l'éducation, l'une des rares choses qui échappait encore au capitalisme.

De même que détruire petit à petit la retraite fait déjà se frotter les mains des vendeurs en assurance-vie.

Bon, ce n'est pas un scoop...


... et Omni me fit pourvoyeur en anus fruités :classe:

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #10

L'équité, oui, bien sûr, c'est le principe qui doit régir les choses. Mais ils confondent trop souvent équité avec égalité et cette confusion nous mène aux aberrations constatées. Qu'on donne les mêmes chances, les mêmes moyens, à tous les gosses, c'est normal (et ce n'est pas le cas partout), c'est équitable. Après, ce que chaque gosse va en faire, c'est un autre problème.


La fameuse "égalité des chances", qui n'est rien d'autre que la parfaite définition de l'inégalité.

L'égalité des chances, c'est mettre un lièvre et une tortue sur la même ligne de départ. Tu parles d'une égalité...

Quote

L'inégalité existera toujours, qu'elle soit sociale et/ou intellectuelle. On ne peut pas empêcher les parents qui ont les moyens de payer des cours particuliers aux gamins, ou ceux qui ont le temps et les capacités de les aider à la maison, de les encadrer et de les suivre. Mais parce que d'autres n'ont pas cette chance, doit-on pour autant empêcher ceux mieux lotis de réussir?


Et pourquoi pas ? :D

(je provoque... ou pas).

N'empêchons pas ceux qui ont les moyens de réussir.
En revanche, mettons le paquet sur les défavorisés. Non pas juste une obole pour se donner bonne conscience, faire preuve d'une charité condescendante, mais en mettant le paquet pour que ces jeunes rattrapent concrètement les nantis.
En gros, ne pas mettre le lièvre et la tortue sur la même ligne de départ, mais donner une avance à la tortue. Ou l'assoir sur une moto.

C'est sûr que dans notre société actuelle hyper marchandisée, individualisée, atomisée... ça relève de l'utopie.

Quote

Et pourquoi y a t il plein de gamins qui s'en sortent très bien à l'école malgré un contexte socio-économique difficile et/ou un entourage qui est tout sauf CSP+?


C'est quoi "plein" de gamins ?
Le même "plein" que l'on trouve dans "il y a plein de chômeurs qui vivent heureux à rien foutre avec leurs alloc's" ?
Tu trouveras toujours des exceptions pour justifier le fait de ne pas prendre réellement le problème à bras-le-corps.

Le déterminisme social, ce n'est pas une invention.


... et Omni me fit pourvoyeur en anus fruités :classe:

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #11
L'option latin est élitiste. C'est indéniable.
On retrouve surtout des enfants de CSP +, c'est indéniable.

Sauf qu'on retrouve une minorité non négligeable de CSP - dans l'absolu.
Surtout, dans le détail, on se rend compte que les options décriées par le ministère (latin et bilangue) sont/étaient des moteurs pour les établissements REP et REP+ (anciens ZEP). Elles permettaient de limiter la fuite réelle des CSP+ et de promouvoir les enfants issus des CSP - en réussite.
Les futurs EPI n'ont pas du tout la même logique.

Je ne sais pas par où commencer, j'ai tellement de choses à dire sur ce que je vois tous les jours mais surtout sur le Ministère et la volonté politique de Pimprenelle, les actions mises en place que j'en aurais pour des jours à écrire des situations qui vous feraient halluciner.

Ce qui m'a fait bondir ces vacances sont les stages de formation sur la Réforme du collège. Je lis dans la presse que des "enseignants volontaires" se sont réunis pendant les vacances pour préparer la "Réforme sur les EPI notamment" et "former ensuite les collègues dans leurs établissements sachant qu'il y aura en moyenne 2 à 3 enseignants formés".

- Ces stages, comme la Réforme, sont passés par la voie hiérarchique. En d'autres termes, le Ministère ne s'adresse jamais à nous ni directement, ni par le Rectorat, mais par les chefs d'établissements. Bon, vous allez me dire, pourquoi pas. Sauf que la plupart du temps -jamais entendu de son de cloche contraire en fait-, l'information s'arrête là. Ou pas tout à fait.
- Les enseignants volontaires sont désignés. La nuance est de taille. Par exemple, ont été désignés chez nous le référent numérique/professeur de Sciences Physiques et deux autres enseignants dont j'ai appris les noms... Parce qu'au détour d'une conversation, l'un d'eux en a parlé. Voilà comment ça se passe chez nous. Les vrais volontaires ? Ici, en Limousin, y'en a pas ou quasiment pas. Il faut savoir que le MEN a utilisé le "volontariat" de ces 2.000 profs comme preuve d'adhésion du corps professoral. Saut que ce n'est pas le cas. Du moins, en grande majorité, les enseignants sont au minimum sceptiques, au maximum, comme moi, viscéralement opposés.
- Bon, ces 2-3 enseignants formés et hop, c'est gagné ? Je suis dans un établissement plutôt petit. Nous sommes 33 enseignants. Quand bien même nous serions résignés, 9% formé, cela suffit, c'est une blague ?

Alors pourquoi cette réforme est une catastrophe ?
Tout simplement parce qu'elle ne répond pas à la réalité de l'Ecole. Elle est hors sujet. Et elle est hors sujet parce qu'elle a un objectif caché : la réduction des dépenses sous un faux verni éducatif.

La réalité de l'école, c'est que les établissements :
- sont souvent mal équipés où le neuf est déjà obsolète depuis 5 ans. Nos vidéoprojecteurs neufs n'ont pas de sortie HDMI. Une partie non négligeable du parc informatique fonctionne sous XP avec un antivirus qui bloque la machine. Pourtant, on nous demande toujours plus en école numérique. Je ne parle même pas de la censure rectorale qui fait passer la Chine pour un pays de libertés.
- sont rarement adaptés pour organiser de vraies réunions : pas de salle de conférence mais des salles de classe un peu plus grandes.
- ne sont pas du tout adaptés pour permettre aux enseignants de rester dans l'établissement. La salle des professeurs n'est pas censée être une salle de travail. Les salles de classes non plus. Si ces dernières ne servent pas aux cours ou aux réunions improvisées.
- Et c'est bien le pire : les élèves n'y sont pas bien. Seule la cour, le préau et les toilettes sont leurs lieux. Les lieux de conforts, de sociabilité sont réduits à des peaux de chagrins. Les équipements sportifs ne sont pas entretenus ou remplacés. Si des foyers ont été mises en place, ils sont souvent trop limités et ne permettent qu'à une infime minorité d'en profiter. S'il y a bien une seule chose qui serait à copier aux scandinaves, c'est de faire, avant tout le pédagogique, de l'école un lieu agréable au moins pour les gosses.

Pourtant, vous lirez que la connasse qui nous sert de directrice de la direction de l'enseignement scolaire prétend que, comme tout fonctionnaire, un enseignant est tenu de faire 1607 heures dans l'établissement. C'est évidemment faux car nous sommes sous statut dérogatoire. M'enfin, moi ces 1607 heures, je veux bien les faire ! Tout le monde serait ok de faire de 9-17 tous les jours si cela signifie ne pas apporter de travail -ou très peu-. Je signe tout de suite. Sauf que je l'ai dit plus haut, où nous mettre ? On a pas de bureau, même par discipline. Et ne parlons pas des "labos" qui sont souvent de ridicules couloirs entre deux pièces où on entrepose du matériel.

Et qui des EPI ? Selon le ministère, les matières ne communiquent jamais entre elles. C'est vrai que jusqu'alors, en 6e, les professeurs d'histoire et de français ne travaillent pas sur les mythes et les légendes. C'est vrai qu'en 5e, les professeurs de géographie et de SVT ne parlent pas de développement durable, qu'en 4e, on n'évoque pas la société du XIXe en histoire et en Français. C'est vrai qu'en 3e, les professeurs de Français, d'histoire, de musique et d'Arts plastiques n'étudient pas la guerre et l'Art face aux évènements du XXe.
Mais non, en fait, depuis 30 ans, faut croire que les profs font de la merde et mieux encore, le Conseil Supérieur des Programmes proposent également des programmes bidons, non réfléchis et jamais liés entre eux.
Alors voilà, on va faire de "l'EPI" soient des enseignements pratiques et interdisciplinaires. Le mode d'emploi est intéressant : deux ou trois enseignants, ensemble, font un EPI pendant un semestre ou deux EPI toute l'année. Le volume horaire est de 3h par semaine. Ce volume est non pas ajouté mais prélevé. Par exemple, si je me mue animateur EPI, je me retrouve obliger de consacrer un certain temps à un projet d'EPI avec mes collègues.
Dans les faits, je peux faire de l'histoire, de la géo, probablement aussi de l'EMC (ex Education civique) tant que ça rentre dans le cadre de l'EPI mais considérant les thèmes généraux des EPI, ça va pas toujours être facile. Surtout, il sera probable que je devrais sortir du programme ou alors me faire VRAIMENT chier à trouver un sujet à traiter avec tout ce qui faut derrière, notamment des documents/sources.
Dans les faits, va falloir créer des emplois du temps permettant de rendre réaliste ces EPI. Et là, j'ai l'impression que les fiflos de Najat n'ont pas prévu qu'en temps normal, coïncider les emplois du temps de classes, d'élèves et de profs, c'est une véritable compétence professionnelle.
Dans les faits, il va falloir imaginer les salles de classes où le travail en groupe est possible. Les ilots ? Ca ne marche pas partout et pas pour toutes les matières. D'ailleurs, ça ne marche pas souvent malgré ce que disent nos moralisateurs de pédagogues et notre chère Florence Robine.
Dans les faits, il va falloir aussi se réunir entre nous. Quand ? Où ? Comment ? Ca, c'est du travail supplémentaire. Comme les EPI. Et ce ne sera pas payé. Et pourquoi devrions nous nous plaindre  ? Je gagne 1709€ par mois avec mon traitement indiciaire et ma prime fixe. L'année prochaine, je gagnerai 60€ de plus mais parce que je prendrai un échelon. M'enfin, je n'ai pas à me plaindre, après tout, avec 16 supposées semaines de vacances où je passe mon temps à faire le jardin ou aller aux Canaries, faut vraiment être prof pour parler salaire !
J'ai eu quelques retours de ces formations : en fait, ce ne sont pas des formations mais des brainstorming géants où enseignants et autres acteurs de l'éducation réfléchissent à quoi faire en EPI. Le ministère ne le sait même pas !

M'enfin, que les choses soient claires :
- Je ne suis pas contre faire de l'interdisciplinaire. Sauf que c'est aux dépends de ce à quoi j'ai été formé. Je suis professeur d'histoire-géographie, on m'ajoute l'enseignement civique et morale. Je trouve déjà que je suis dans la plurivalence. Je n'ai que 2h30 (6e 5e 4e) et 3h (3e) pour faire de l'histoire/geo. Et une demie heure pour l'EMC. Je ne trouve pas ça, déjà, énorme. C'était une heure de plus dans les années 90 mais bon... Et là, on va retrancher, de manière autoritaire (on parle du conseil pédagogique mais mon cul, ce sera un acte d'autorité du chef ou au prix de luttes entre collègues à celui qui ne se sacrifiera pas) une parte de ma discipline pour des raisons qui ne sont même pas réellement définies avec une organisation qui est à des années lumières de la réalité. En plus de ça, on m'impose pour la rentrée prochaine de préparer tous les nouveaux programmes. Si en H/G on a une chance d'avoir une programmation annuelle, dans les autres matières, tout est en fiche action. Démerdez vous tant que tout est prêt pour septembre 2016 ! Jamais dans l'histoire du secondaire on a imposé le changement brutal de tous les programmes la même année. Ne serait-ce par décence vis à vis des enseignants qui peuvent avoir potentiellement les 4 années en collège. C'est ce genre de décision, purement de gestion, qui prouve que ce ministère nous méprise.
- A mon sens, le premier problème de l'école, c'est que c'est le marqueur de notre société. Il y a 50% de chômeurs en plus, il y a donc 50% d'enfants qui ont plus de "chance" d'être en difficulté scolaire. La société prône l'individualisme, la réussite par la superficialité ? Les enfants suivent ces modèles. L'école ne corrige pas les inégalités. Elle ne peut pas faire ça si la société ne veut pas les corriger.  Si vous préférez,  pour moi, c'est idiot de réformer tout ce qui est pédagogique ou remettre en cause l'enseignement disciplinaire si on ne comprend pas que dans un premier point, le problème est en DEHORS de l'école.
- Le second problème est son enjeu politique. Tous les gouvernements parlent de l'éducation comme une priorité. Or depuis Jospin, le résultat des politiques éducatives passe par une réussite aux examens nationaux toujours meilleure. Seulement, en décalage avec les enseignements, les évolutions sociétales, la conjoncture économique, le ministère a dénaturé toutes les évaluations nationales, les rendant inadaptés pour tous : élèves, professeurs, parents et même société civile. Cela s'est traduit par des mesures ou des objectifs stupides. Il existe, depuis peu, un contrat d'objectif qui lie établissement et rectorat. Sauf que chez nous, ce n'est pas un vrai contrat mais une charte car il n'engage qu'une des deux parties. Une vraie stupidité en somme. Et dans ces stupidités, on nous oblige à nous prononcer sur le taux de redoublement à ne pas dépasser et pire encore, sur le pourcentage d'élèves à faire passer dans une section (de collège à lycée, seconde G par exemple). C'est sidérant. Sidérant car cela a un effet dévastateur sur les autres voies du lycée et pour bien d'autres raisons. Il faut savoir que l'Inspecteur d'Académie de Haute-Vienne nous a conseillé/exhorté par la voie hiérarchique à faire passer 80% de nos gamins en seconde G. Ce sont ces genres d'enjeux qui tuent l'école.

Moins de chômeurs ? Vous verrez moins d'enfants en souffrance.
Moins de pression politique ? L'école sera plus juste et surtout n'enverra pas ses enfants à la boucherie pour le plaisir des statistiques.

Ne croyez pas que je me dédouane de tout et que je nous estime irréprochable. J'ai des progrès à faire et croyez moi, il ne se passe pas une année où je me rends compte que j'ai à m'améliorer sur du technique, du relationnel, de l'administration, de la gestion... Et je sais qu'il existe des collègues beaucoup moins concernés. Comme je disais, je pense que l'interdisciplinarité est une chose à faire. Mais dans ces conditions ?
Un autre exemple : dans le second établissement où je sévis, le chef d'établissement prévoit de prélever 30 minutes à l'histoire/géo en 6e pour faire de l'accompagnement personnalisé. L'accompagnement personnalisé est un moment de classe entière où le professeur doit apporter une réponse à des situations individuelles. Concrètement, j'ai 29 gamins : 5 excellents, 7 qui ont du mal à lire, 5 qui écrivent comme des pieds, 5 qui considèrent qu'une consigne est un fardeau et 7 qui ne savent rien faire. Bah je dois faire, une heure toutes les deux semaines, dans la même salle, 5 ateliers différents, de préférence en liaison avec ma matière.
Et bien sûr, ce nouveau travail est bien entendu aux frais de la princesse. Si vous avez déjà été en position d'enseigner, vous imaginez bien ce que j'en pense.


Bon, voilà, j'ai fait une logorrhée et j'en ai vraiment encore beaucoup à dire : sur les programmes, notamment en primaire ; sur l'apprentissage des langues et des vraies raisons de la suppression de la bilangue, sur des petits détails du décret de la réforme qui montrent que l'élitisme n'est pas forcément un problème s'il est territorial, sur la politique de communication du ministère, sur le fait que sisi, quand on fait grève, on perd bien une journée de travail et plus les heures supp' même si on les fait pas ce jour là... Et j'en passe.  Beaucoup...
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de coeur et se transmettent de génération en génération. "

 ( Silhouette du scandale )
Aymé, Marcel

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #12
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C'est quoi "plein" de gamins ?


Ah? Parce que pour toi, les gosses qui sortent d'établissements ZEP et autres acronymes, n'ont aucune chance de bien travailler à l'école et de faire des études brillantes? :shifty: C'est pas bien de généraliser :p

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En gros, ne pas mettre le lièvre et la tortue sur la même ligne de départ, mais donner une avance à la tortue. Ou l'assoir sur une moto.


Ok, mais dans le même temps, ne pas couler les pattes du lièvre dans du béton. Qu'on aide les plus faibles ou les moins favorisés, d'accord et normal. Mais ça ne donne pas pour autant le droit de ralentir les autres.

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La société prône l'individualisme, la réussite par la superficialité ? Les enfants suivent ces modèles. L'école ne corrige pas les inégalités. Elle ne peut pas faire ça si la société ne veut pas les corriger.  Si vous préférez,  pour moi, c'est idiot de réformer tout ce qui est pédagogique ou remettre en cause l'enseignement disciplinaire si on ne comprend pas que dans un premier point, le problème est en DEHORS de l'école.


Et ce n'est pas prêt de s'arranger.

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Un autre exemple : dans le second établissement où je sévis, le chef d'établissement prévoit de prélever 30 minutes à l'histoire/géo en 6e pour faire de l'accompagnement personnalisé. L'accompagnement personnalisé est un moment de classe entière où le professeur doit apporter une réponse à des situations individuelles. Concrètement, j'ai 29 gamins : 5 excellents, 7 qui ont du mal à lire, 5 qui écrivent comme des pieds, 5 qui considèrent qu'une consigne est un fardeau et 7 qui ne savent rien faire.


Donc tu en as 5 qui vont s'emmerder sévère et qui auraient sûrement plus constructif à faire pendant ces 30 mn et 14 qui n'ont rien à faire là, qui ont besoin d'une vraie remise à niveau et pas de "30 mn d'accompagnement personnalisé" une fois de temps en temps.

Peut-on réellement tirer une classe de 30 gamins vers le haut dans un même élan au regard des disparités de niveaux?

Quant à l'interdisciplinarité, en te lisant, je me disais bien aussi... il me semble que les profs en font tous depuis des années, non? Ne serait-ce que parce que les programmes sont ainsi faits que certains thèmes se retrouvent en H/G et en français, la même année, tout bêtement. Pourquoi imposer ce que existe déjà de fait? Certes implicitement, mais l'essentiel, c'est le résultat au final. A la limite, qu'il y ait des consignes visant à promouvoir des échanges plus étroits entre enseignants concernés, ok, mais si les programmes sont bien faits, ça devrait rouler tout seul sans avoir à révolutionner les emplois du temps.

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #13
Franchement, quand je lis les conditions d'enseignement à l'EN, je préfère largement ma situation. Je suis convaincu que les enseignants finiront à avoir les mêmes conditions de travail que nous, avec bureau, 39h par semaine à l'établissement avec les 18-20h de cours qui vont bien, et pas d'augmentation de salaire pendant quelques années pour arriver à notre stade (à expérience équivalente, on doit gagner dans les 200 euros de moins).
On est tous le con de quelqu'un d'autre

Un appendice ne sert pas forcément à rien. Chez moi, TOUS les appendices servent  :classe:


Mise a jour du blog le 27/12/06

Re : Potes 'n' Profs - Toi aussi, monte au clash avec le corps professoral!

Reply #14

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C'est quoi "plein" de gamins ?


Ah? Parce que pour toi, les gosses qui sortent d'établissements ZEP et autres acronymes, n'ont aucune chance de bien travailler à l'école et de faire des études brillantes? :shifty: C'est pas bien de généraliser :p


Aucune chance, non.

Très peu, oui.
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Attention quand je parle d'ascension sociale, je ne parle pas de réussir à décrocher un master "chômage", genre "histoire de l'art"/"philo" ou autres (ça c'est fait).

Non, je parle des grandes écoles, de l'ENA, sciences po', là où, dans notre société actuelle, se fera le pouvoir de demain : les enfants d'ouvriers n'y sont pas fréquents. A ta décharge, il y a de moins en moins d'ouvriers.

On donne l'illusion parce qu'on va décrocher son bac pro, son master ou autre qu'il y a de la mixité. Toujours ce devoir de "charité".
Mais les portes de l'élite d'aujourd'hui et de demain sont fermées à double-tour par une forme d'aristocratie.

Combien de fils d'ouvrier à l'assemblée nationale, ou devenus haut-fonctionnaires ?


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Ok, mais dans le même temps, ne pas couler les pattes du lièvre dans du béton. Qu'on aide les plus faibles ou les moins favorisés, d'accord et normal. Mais ça ne donne pas pour autant le droit de ralentir les autres.


Ah mais là, je t'ai juste donné mon point de vue "soft".

J'ai une solution plus radicale : supprimer la lutte de tous contre tous, supprimer la loi du plus fort, la concurrence à tout va, supprimer cet état sauvage "organisé"... bref, en supprimant le capitalisme, il y a déjà moyen d'apprendre à l'école plus sereinement. Parce que les enfants n'auront pas la pression sociale. Parce que profs n'auront pas la pression de l'Etat.

Et par là même, on supprime la monnaie. On revient au troc. Comme ça, chaque vente entraine nécessairement un achat, et on évite les bulles/crises financières etc.

Simple, non ?

Là, je m'amuse un peu.

Mais on sent bien chez Flavien un certain désabusement qui est quand même terrible pour une personne chargée d'enseigner à nos enfants, a fortiori pour un jeune prof.

Je note ta phrase : "le problème de l'école se situe à l'extérieur de l'école".


... et Omni me fit pourvoyeur en anus fruités :classe: