LE XVIIIeme SIECLELouis XIV, XV et XVI (1680-1789) : L'abandon du LouvrePanorama de l'Europe :A cette époque naît un mouvement d'idées et une réflexion sur les notions de collections et de musées. La collection était jusqu'ici privée et constituée sur le modèle du cabinet de curiosités. Peu à peu, les collectionneurs agissent de façon plus scientifique, aboutissant à un regroupement méthodique des fonds selon un classement par catégories. Les notions de collections et de recherches fusionnent et donnent naissance à l'idée de la collection publique pour diffuser des savoirs. La catégorisation rompt ainsi avec l'ancienne profusion et l'entassement. la collection s'ouvre donc par la clarté de vision de ces objets, permettant une meilleure compréhension en introduisant l'importance à l'éducation via l'appuie de bases scientifiques.
Quelques exemples :
- En 1719, Pierre le Grand fonde Saint-Petersbourg comme une "Nouvelle Rome" et y créé un cabinet de curiosités porté sur l'histoire naturelle.
- En 1737, Anna Maria Ludovica Médicis donne à l'Etat de Toscane la collection familiale. la Galerie des Offices s'ouvre alors en une administration publique d'état.
- En 1753, La Parlement de Londres achète la collection du directeur Hans Slone et fait de son cabinet le noyau de la collection du futur British Museum, inauguré en 1759.
- En 1758, le musée de Naples est constitué autour des résultats de fouilles des sites de Pompéi et de l'Herculanum en 1750.
Les polémiques :Dès 1740, la France commence à fonder des collections publiques. Lorsque Louis XIV rejoint Versailles en 1682, les artistes du Louvre le rejoignent et laisse le palais dans un état de dégradation important. La Louvre devient alors un îlot d'habitations qui se forme au milieu de la Cour carré, empechant le Grand Desseiin d'henri IV de se concrétiser. Malgré la déchéance du lieu, Louis XV demeurera à Versailles et ne se souciera point de l'avenir du palais de ses aïeux.
En 1745, Voltaire écrit "Des embellissements de Paris" dans lequel il dénonce l'état de délabrement de ce quartier devenu malfamé. 7 ans plus tard, Lafont de Saint-Yenne écrit, sous couvert d'anonymat, "L'ombre du Grand Colbert" qu'il publie à Amsterdam. Cet ouvrage se construit en un dialogue entre le Louvre et Paris. Son titre évoque le ministre qui avait tant fait pour que la Cour ne quitte pas le Louvre. Ce pamphlet stigmatise la misère qui accable l'environnement de ce haut lieu et en parle comme d'un "asile de hiboux", de "barbarie dont on ne pourrait trouver d'autres exemples" mais également de lieu "exposé à une prochaine ruine par cet abandon, et livré à l'excès de l'indécence et du déshonneur par tout ce qui l'environne".
Plan de Turgot, 1730 : On y voit une cour carré inachevée et occupée par des habitations :
Ces critiques conduisent les architectes Soufflot et Gabriel à terminer les toitures de la cour carré (partie nord-est) avant de détruire les îlots de baraquements. En 1753, Gabriel aménage la place à l'extrêmité occidentale du jardin des Tuileries avant d'exécuter les plans, entre 1755 et 1759 pour installer le Grand Conseil dans l'aile de la Colonnade.
Le marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments, est touché par les écrits de Saint-Yenne dans cette manière de faire éclater une polémique pour faire revivre la ville autour du palais par des sociétés et des salons. De tels projets permettraient de développer un contre-pouvoir dans la volonté de redonner au Louvre une place de choix. Le marquis va chercher à achever lui-même le palais avec son propre budget. Il commence par faire restaurer la Colonnade et y élève un second étage pour s'harmoniser avec ceux des pavillons Lescot et Lemercier. Mais son projet s'arrêtera là... .
Les Salons au Louvre : L'ouverture des collections dans la Grande GalerieLes boiseries de la galerie sont en piteux état et servait d?asile aux rats et aux chauves-souris qui rongeaient les plan les plans en relief des villes fortifiées du royaume, installés depuis 1697.
En 1692, l'Académie de Peinture et de Sculpture est installée dans la Grande Galerie, la Galerie d'Apollon et les appartements d'Anne d'Autriche. La même année est fait don du Palais Royal (actuel Conseil d'Etat) au Duc d'Orléans, frère de Louis XVI.
A l'occasion de la Saint Louis, le 25 août 1699, un premier salon est ouvert dans la partie occidentale de la Grande Galerie peinte par Poussin. L'entrée est libre. Lafont de Saint-Yenne profite de cet événement pour relancer une autre critique dans « Réflexions sur quelques causes de l'état présent de la peinture » pour constater l'avilissement de l'école française de peinture. Le remède qu'il prône est l'installation au Louvre de la collection royale, cachée à Versailles, pour relancer des styles et des canons artistiques.
A partir de 1725, le Salon se tient au Salon carré, d'où l'appellation de cette salle. Cette partie est actuellement occupée par les primitifs italiens. Tous les deux ans, une manifestation se produisait pour inciter l'ouverture au public. Ce fut l'occasion pour Diderot de créer la critique d'art en publiant un premier livret sur l'explication des toiles exposées.
Le Luxembourg, prémisse de la collection publique :De 1746 à 1751, Louis XV décide, sous l'instigation de sa maîtresse, la marquise de Pompadour, de sélectionner 99 toiles qui seront installées au Palais du Luxembourg près du Louvre. Prises en charge par le Surintendant Lenormant de Tournehem, ces œuvres serviront de modèles aux artistes. Il s'agit là d'une première tentative à montrer des collections privées au public. Cette initiative sera poursuivie dans son élaboration avec la publication de catalogues et de règlements de visites entre 1750 et 1759. Les salles d'exposition étaient ouvertes les mercredi et samedi de 9h à 12 en hiver et de 15h à 18h en été (oui, oui, je suis allé chercher très loin ce genre d'informations
:P).
Voici ce qu'on pouvait y voir (les images sont visibles plus haut) :
- Cycle Médicis de Pierre-Paul Rubens
- Charité d'Andréa del Sarto : cette toile était présentée seule sur un chevalet dans une antichambre.
Les artistes, les genres et les périodes sont mélangées, ce qui permet une meilleure confrontations des styles mais une importante confusion chronologique. Une salle était dédiée au XVIIème siècle avec des œuvres du Lorrain, de Le Sueur, de Poussin ou encore de Brun. Une autre salle exposait des œuvres à la gloire de Louis XIV avec le noyau de la collection royale (Vince, Raphaël, Véronèse et Rubens).
Louis XVI et AngivillerLe comte Charles-Claude de La Billarderie d'Angiviller (1730-1809) est le directeur des Bâtiments du Roi en 1774. Il présente un plan d'aménagement de la grande Galerie du Louvre vers 1779. Cet administrateur doit remédier aux critiques qui ont été formulées sur la remise en ordre de l'académie. Il met donc en place un art académique exprimant le pouvoir et affirmant des valeurs morales et vertueuses. Il souhaite ainsi un retour à l'antique. Cette réforme s'effectue en partenariat avec le maître de David, Joseph Marie Vien, professeur d?une génération d'artistes qui s'impliquent dans la vie politique en s'imprégnant de l'art romain.
Les grandes commandes débutent dès 1774 où il s'agit de réaliser des tableaux historiques et des statues des grands hommes. Cette opération aura ensuite lieu tous les deux ans de 1777 à 1789. On en profite pour transférer les plans en relief de la Grande Galerie aux Invalides pour créer un museum au Louvre.
En 1777, le Salon expose 18 statues d'hommes illustres de la France comme Sully, Descartes de Pajou.
En 1778, une commission des travaux de la Grande Galerie se constitue pour réfléchir à l'installation des collections. Les membres éminents sont le peintre Hubert Robert, l'architecte Germain Soufflot et le sculpteur Augustin Pajou. Un premier examen de la Grande Galerie montre la longueur absolument disproportionnée des espaces. Il est indispensable de la couper par des colonnes, mais, saisis d'admiration devant son immensité grandiose, les architectes jugèrent à l'unanimité qu'il ne fallait pas diviser cette galerie unique au monde.
Le comte d'Angiviller dicte les sujets des tableaux (grandes vertus, histoire) mais les artistes protestent devant ces thèmes épuisés. Le directeur finit donc par leur laisser la liberté du sujet.
1785 marque un grand essoufflement dans les thèmes exposés au salon qui sont imposés, chose détestable contre la volonté créatrice. La pièce maîtresse de cette année est le Serment des Horace de David :
La même année, on assiste à un rapatriement des collections de Versailles dont les 22 toiles de la vie de Saint Bruno peintes par Le Sueur mais également la Sainte Famille de Rubens. Une des autres oeuvres majeures est le Mendiant de Murillo, première œuvre espagnoles à intégrer le Louvre :
Songe de Bruno :
Le 15 mai 1786, l'Académie d'Architecture rend son rapport à la commission du Louvre sur les travaux à engager dans la Grande Galerie pour accueillir une partie du fonds royal :
- Elle ne doit pas être divisée
- Il convient de placer un éclairage zénithal pour un meilleur confort de lecture en évitant les reflets sur les vernis. Un essai concluant sera réalisé au salon carré en 1789.
- La voûte de la galerie doit être démolie et reconstruite
- Remplacer la charpente de bois par de la pierre pour parer aux incendies.
- Supprimer le décor inachevé de Poussin
On remarque que ce rapport dresse avant l'heure les première mesures en matière de conservation préventive pour protéger au mieux les œuvres exposées au public.
Hélas, les travaux seront interrompus après une prise de la Bastille... .
D's©
Posté: Samedi 06 Mai, 14:27:31
LA REVOLUTION FRANCAISE1789-1795 : Des mesures radicales !La politiquer du comte d'Angiviller fait évoluer l'idée de musée dans le palais. La révolution fait basculer cette institution royale en établissement national publique.
Le 27 juin 1789, le comte souhaite mettre en lieu et place un musée au cœur du palais séculaire des Rois de France. Le projet est accepté par les Etats Généraux et un rapatriement des collections royales depuis Versailles et Fontainebleau s'effectue.
Mais la Révolution va chambouler quelques points dans ce chantier en nationalisant, le 2 novembre 1789, les biens du Clergé (églises, abbayes, cathédrales). Le peuple croira donc avoir toutes les dispositions pour décider du sorts des statues et du mobilier qui sera dérobé ou détruit.
Les répercussions se font ressentir en 1790 lorsque l'Assemblée nationale prend conscience de la nécessité de conserver les œuvres et faire face au vandalisme. En décembre, une commission des Monuments voit le jour et réalise un inventaire des arts nationalisés.
Le 6 juin 1791, un élève du peintre Doyen, Alexandre Lenoir prend la tête de la commission et jouera un rôle déterminant dans les années à venir.
Cette gravure le présente en train d'empêcher les sans-culottes de détruire les œuvres de la Basilique Saint-Denis :
Pour le moment, il dresse une liste sélectionnant les œuvres qu'il faut conserver de celles qui seront utiliser comme réserve militaire (fonte de métaux pour concevoir des canons et de la monnaie). Le tri fait, Lenoir transfère le fonds au couvent désaffecté des Petits Augustins (actuelle Ecole nationale Supérieure des Beaux-Arts, face au Louvre) qui centralise les arts ecclésiastiques parisiens.
Auparavant, le 26 janvier, le royaliste clandestin Quatremère de Quincy écrit une « Considération sur les arts du dessin » et prône le rôle du musée dans l'enseignement artistique par l?intermédiaire d?une convergence de l'objectif des arts de David et la création d'une collection d'antiques pour servir de modèles aux artistes.
Le 9 novembre 1791, c'est au tour des biens des émigrés nobles et royaux d'être confisqués. On leur confère un statut public et certaines ne survivent pas l'iconoclasme ambiant comme la statue de Louis XIV de la Place des Victoires qui est déboulonnée est fondue (l'actuelle sculpture de bronze est une copie du XIXème siècle). Des gens tentent alors de lancer un appel à la protections des œuvres de l'Ancien régime dont on veut faire « tabula rasa ».
Le projet d'Angiviller prend une résonance différente puisqu'il ne devait concerner que le Grande Galerie pour la collection royale, mais de 1789 à 1791, la collection s'est considérablement agrandie et doit donc occuper plus d'espace. Des groupes de pression se constituent pour revendiquer la direction du futur musée. Le plus puissant est celui de la Commune des Arts qui ont le dessin pour base. David en est le chef de file et revendique la formation artistique comme principal objectif dans la création de l'institution.
Quatremère de Quincy réitère dans une seconde « Considération » le 18 mai 1791 où il réclame un chef-lieu central. Le Louvre deviendrait selon lui l'institution des culture des Arts et techniquues qui forment les connaissances humaines.
Le 26 mai, l'Assemblée Constituante décrète que le Louvre et les Tuileries seront utilisés pour le Roy et les Arts. Ce concensus entre le respect pour le monarque et la réforme des collections échafaudent une véritable notion de collection nationale.
Après 1791, beaucoup d'œuvres nationalisées rejoignent les rangs de l'inventaire. Il s'agit alors d'amorcer une réflexion sur la muséographie et bâtir des espaces « ex nihilo ». Les salons sont abolis et le grand genre qu'est la peinture d'Histoire doit glorifier la nouvelle époque basée sur les héritages des Lumières.
Les événements s'enchaînent depuis l'arrestation à Varennes du roi qui est assigné à résidence au Tuileries. Cette tentative est punie par la saisie totale des biens de la Couronne le 10 août.
Le 1er octobre, le ministre de l'Intérieur de l'Assemblée Girondine, Roland, reprend les idées d'Angiviller avec la nomination du Musée et ses six membres qui doivent ouvrir le Louvre et veiller à son aménagement. Il y a dans ce projet une indéniable valeur politique qui doit illustrer dans toute sa grandeur la République Française.
Le 17 octobre, Roland écrit au député-peintre David de la Convention nationale et lui demande à faire du Louvre un « lieu touristique » ainsi qu'une école d'apprentissage aux artistes, au public, aux amateurs et aux copistes. Mais David refuse que le lieu serve à d'autres personnes que les artistes. Roland était en quelques sorte le premier à s'interroger sur les publics des musées.
1793 est une année noire marquée par la destruction des effigies royales commanditée par les Montagnards et Robespierre. Les premières victimes sont les tombeaux royaux à Saint Denis et la galerie des rois à Notre-Dame. Ces événements touchent profondément l'Abbé Grégoire qui se lance dans la rédaction d'un rapport contre le vandalisme. En devenant public, l'art doit toujours susciter le respect citoyen, même pour les objets royaux. Commissions et associations se créent pour préserver les arts anciens.
Un autre personnage important fait son apparition : Jean-Baptiste Lebrun, époux de Madame Vigée-Lebrun, artiste de Marie-Antoinette en exil. Ce marchand d'art et expert organise des ventes dans son hôtel particulier et sera à l'origine d'une important controverse avec la Commission des Monuments de Lenoir. En effet, le 14 janvier 1793, il rédige une « Réflexion sur le museum national » dans lequel il propose une classification des œuvres selon son bon vouloir. Il faut préparer un accrochage par date et par école dans la Grande galerie et ainsi organiser une évolution de l'Histoire de l'Art en Europe. Cette vision historienne à visée scientifique et encyclopédique ne fait pas l'unanimité puisque Lebrun ne se gène pas pour souligner l'incompétence de David et des artistes qui le soutiennent pour réaliser un tel chantier muséographique. Cela demande de la recherche et de véritables connaissance. La modestie de l'expert n'a pas de limite... .
Et comme une attaque ne suffit pas, Lebrun s'allie avec Quincy pour contester le projet de Roland qui souhaite une ouverture publique. Ce dernier abandonnera devant tant de pression et offre sa démission le 23 janvier. Il est remplacé au pied levé par Garat qui souhaite une amélioration de l'éclairage de la Grande Galerie. Le peintre Hubert Robert se chargera de ce projet.
Enfin, le 10 août 1793, le museum national des Arts au Louvre est inauguré. Un catalogue est réalisé à cette occasion. Il faut cependant attendre une ouverture officielle le 18 novembre avec un règlement basée sur la « semaine révolutionnaire » :
5 jours de la décade : ouvert aux artistes
2 jours de la décade : installations et nettoyage
3 jours de la décade : le public
60 vétérans de la révolution font office de gardien et pose des interdits comme toucher les œuvres et refusent l'entrée aux ivrognes et aux chiens. Des éléments qui existent encore de nos jours, améliorés et moins raides, bien entendus.
Contre toute attente, les œuvres ne sont finalement pas présentées selon la vision scientifique et hiérarchisée de Lebrun mais selon un mélange des artistes et des genres pour permettre une confrontation libre. La Grande Galerie accueille dans sa partie orientale 538 toiles dont 400 issues de la collection royale (200 proviennent du fond Louis XIV). La répartition des tableaux est ici ordonnée par écoles tandis que 124 œuvres sont sorties des dépôts par la vente Choiseul Pralins comme le casque et le bouclier de Charles IX ou encore le trésor de Saint-Denis (aiguière en cristal de roche, patène en émail, etc.).
En décembre, la Commission des Monuments est dissoute en faveur de la création d'une Commission temporaire des Arts qui inventorie les dépôts de la République.
L'année 1794 débute par la présentation de David à la Convention d?un rapport où il réclame un conservatoire du museum composé de 10 membres répartis en quatre sections : Peinture, Sculpture, Architecture et Antiquités. Il souhaite par la même occasion la suppression de la nouvelle Commission et la refonte du Louvre. Rien de moins... . Son projet est adopté et le nouveau conservatoire a pour mission de protéger, inventorier et écrire un catalogue raisonné des collections. Bref, faire les premiers pas de la muséologie.
Au mois de février, les victoires républicaines dans les Flandres permet l'obtention de butins de guerre pour le museum.
Le beau temps se couvre avec le 9 thermidor et la chute de Robespierre. David a tout juste le temps de donner la directive de son conservatoire, l'inventaire et le catalogue raisonné.
Il faut attendre une accalmie pour se concentrer à nouveau sur l'évolution du museum. Ainsi, en mars 1795, le conservatoire retire de tous les dépôts les oeuvres nécessaires au musée comme celui de Lenoir aux Petits Augustins alors que cet homme est sur le point d'achever son Musée des Monuements Français (octobre 1795, nous en reparlerons dans un autre chapitre si cela vous dit
:)). Ce musée était organisé selon une présentation chronologique des œuvres dans des salles et mises en situations plus ou moins contextuelles dans des décors d'ambiance. Après quelques batailles, il obtient l'accord de ne céder que les sculptures. Le Louvre tentaculaire est né.
Quant à la Grande Galerie, elle est peinte en vert sombre et est occupée dans sa totalité mais divisé par différentes sections matérialisées par des niches renfermant des statues antiques et encadrées par des colonnes qui remplaceront les fenêtres installées entre 1796 et 1798.
Hubert Robert réalise à cette époque plusieurs dessins pour son projet d'éclairage zénithal dans cet espace du musée.
To be continued...D's©
Posté: Mardi 09 Mai, 22:09:10
LE DIRECTOIRE - 1795-1800Le Museum Central des Arts : objectifs et acquisitionsAprès les journées de Thermidor débute la période du Directoire, au cours de laquelle sont engagées des conquêtes hors des frontières. Plusieurs victoires sont les clés du succès de ce régime auprès de la population. Le musée n'est plus remis en cause et s'installe progressivement dans le Louvre. Depuis la politique d'Angiviller et la nationalisation des biens, le projet s'est amplifié par les butins de guerre et sa muséographie. L'accrochage à touche-touche de bas en haut et à contre-jour montre cependant la difficulté à aménager les salles.
Le 20 janvier 1797, le ministre de l'Intérieur (Garat ?) décide de changer l'appelation de "museum national" en "Musée central des Arts". Il fixe également un nouveau réglement confirmant le rôle de rassemblement des collections dans le palais du Louvre avec l'apport des saisies de guerre comme les oeuvres d'Egypte ou d'Italie. Deux jours plus tard, un arrêté confirme sur 12 articles l'organisation du musée.
Article 7 : Nul tableau ne sera mis en restauration que sur acceptation de l'administration.
Article 8 : Composition de l'administration du musée en deux groupes :
1) Un Conseil d'artistes :
- Hubert Robert (Peinture)
- Charles de Wailly (Architecture)
- Augustin Pajou (Sculpture)
Chaque section possède son directeur et son assemblée.
2) Un quatuor de gestionnaires :
- L'architectue Léon Dufourny (administration)
- Bernard-Jacques Fourbet (adjoint)
- Athanase Lavallée (secrétaire)
- Jean-Baptiste Lebrun (commissaire-expert). Ce dernier est en charge de la conservation et l'exposition des oeuvres.
3 réunions ont lieu par décade.
Un inventaire de 1797 dénombre 831 oeuvres d'art conservées au musée :
- Ecoles du Nord : 190 tableaux
- France/Italie : 169 tableaux
- Histoire : 302 tableaux
- Sculpture : 45 pièces (les autres sont au Musée des Monuments Français de Lenoir)
- Objets d'art : 125 objets exposés dans la Grande Galerie et la Galerie d'Apollon
Le rapport du Musée Central avec les autres institutions muséales : Versailles et la provinceEntre 1796 et 1797 a lieu une vente aux enchères du mobilier royal de versailles. Ce château vide possède un potentiel à occuper. Il serait donc louale d'ouvrir les monuments historiques au public. Ainsi, le 10 février 1797, est créé, dans les appartements royaux de Versailles, un musée spécial de l'Ecole Française qui retrace le panorama de l'art avec une exhaustivité d'oeuvres. Il faut cependant conserver un noyau précieux au Louvre. Lebrun s'en charge et garde de côté 141 toiles :
- Les quatre saisons de Nicolas Poussin (voir plus haut).
- La Raie de Jean-Baptiste Siméon Chardin
- L'embarquement pour Cythère de Jean-Antoine Watteau
Le Louvre envoie au bout du compte 578 tableaux et 78 sculptures à Versailles. ce transfert offre ainsi une possibilité de recadrer le musée dans son universalisme avec une vision séletive et adéquat pour le public.
Parallèlement, la province suit l'exemple parisien et les musées commencent à se créer grâce aux écoles de dessins qui jouent d'importants rôles dans la diffusion des arts deouis 1750. Chacune de ces écoles possèdent un fonds composé de moulages, de copies et d'oeuvres locales. De 1791 à 1797, les départements réclament au pouvoir central l'ouverture de musées dans leurs grandes villes. Le Louvre, croûlant sous les saisies, reverse quelques collections aux provinces pour lancer des politiques pédagogiques dans ces nouvelles institutions.
Le 31 août 1801, le ministre de l'Intérieur, Chaptal, répartit 400 tableaux du Louvre dans 15 villes de province :
- Lyon
- Bordeaux
- Strasbourg
- Rouen
- Marseille
- Nantes
- Dijon
- Toulouse
- Caen
- Lille
- Rennes
- Genève
- Nancy
- Bruxelles
- Mayence
La création véritable des musées de province ne prendra réellement lieu avec l'entérinement d'un décret le 1er septembre 1881 à la condition que ces institutions prennent en charge la maintenance et l'ordonnance des collections confiées.
Evolution des collections du Musée central : l'ItalieTandis que les prises de guerre sonnent à la porte du Louvre, Léon Dufourny relancent des opérations d'aide au financement de l'établissement. Entretemps, Lebrun réalise une enquête dans les pays conquis pour récupérer des oeuvres françaises. 4 commissions correspondant à 4 conquêtes vont se succéder de 1797 à 1804.
1796-1797 : Conquête de l'italie du Nord par Bonaparte, fraîchement nommé général en chef des armées françaises. Lors des armistices militaires, Bonaparte ne fait plus mention de la saisie d’½uvres. Il est embarrassé par ce butin de guerre mais souhaite obtenir la collection Piémont Sardaigne et n’y arrive pas légalement.
Le général Cleuzel, qui accompagnait Bonaparte lors de la conquête de Turin, se fait offrir une ½uvre à titre personnel et en fera don au Louvre en 1799 : Le femme hydropique de Gerrit Dou. Ce tableau forme le premier don privé du musée.
Le prélèvement des ½uvres d’art est mentionné dans les traités avec les régimes vaincus. Bonaparte est attentif à la politique de saisie des ½uvres pendant ses campagnes. Cependant, cette politique de rapatriement provoque des polémiques en France puisque l’opinion publique ne veut surtout pas faire revivre la notion de vandalisme.
Deux autres ½uvres amenées en France depuis Bologne et Milan :
Sainte Cécile de Raphaël :
Couronnement d’épines du Titien :
En juillet 1796, le clandestin Quatremère de Quincy publie ses « lettres à Miranda » sur le préjudice qu’occasionneront le transport d’½uvres en Italie sur les arts et les sciences. Il met en évidence son opposition sur les saisies de Bonaparte et demande à montrer que l’esprit de conquête est subversif de l’esprit de liberté dans une république. Il pressent un empire autoritaire car Bonaparte veut faire du Louvre un lieu politique. Quatremère voit mal la conquête de Naples et surtout de Rome qui constitue à elle seul un musée. Le soucis de création du Musée Central n’est plus respecté dans son idéologie finale. En effet, il ne propage pas mais disperse les idéaux des lumières : doit-on déraciner les ½uvres de leur contexte original ?
En février 1797, le traité de Tolentino concrétise les saisies de Bonaparte envoyées au Louvre :
- Apollon du Belvédère :
- Antinous du Belvédère :
- Laocoon (détail d’un vase en porcelaine de Sèvre de 1813) :
- Tireur d’épine :
- Martyre de Saint-Erasme de Poussin :
- Transfiguration de Raphaël :
- Torse du Belvédère :
- Vénus du Capitole :
- Gaulois mourant du Capitole :
- Mise au tombeau du Caravage :
En mai, Bonaparte arrive à Venise après avoir récupéré 600 manuscrits à Vérone. Il emporte le quadrige du fronton de la basilique San Marco ainsi que des toiles :
-
- Les noces de Cana de Véronèse :
- Le repas chez Levi de Véronèse :
Les premiers envois d’½uvres au Louvre démarrent en juillet.
Pendant ce temps, Léon Dufourny s’occupe des dessins. Ce membre de l’Institut dispose d’une formation d’architecte. Il collectionne les antiques et possède une bonne connaissance de cette époque. Il pense que l’enseignement du dessin est le fer de lance de la création au musée et un modèle de pédagogie dans l’étape préparatoire aux arts fondamentaux. Il effectue à sa nomination une mainmise sur le dessin et nomme, le 13 juin, Louis-Joseph Morel d’Arleux Garde des dessins et des Planches gravées. Ce dernier réorganise la collection et a l’intention de présenter ce fonds. Il décide d’une exposition dans la Galerie d’Apollon le 11 août. 477 dessins sont présentés sur les 11.000 en réserve. L’exposition illustre les différentes évolutions de cet art par classement alphabétique dans chaque école de manière chronologique. Une note est publiée tandis qu’une annonce, sous forme de banderoles, flotte à l’extérieur sous le nez des passants. La première publicité culturelle est née. Ce genre de mesures favorisent en effet la venue des publics. L’accès se fait toujours depuis le quai par la cour de la reine Anne d’Autriche.
L’Apollon du Belvédère entre triomphale à Paris en juillet sur le Champ de Mars. Il est stocké en plein air près de la cour carré. Le 24 novembre, le projet d’Hubert Robert concerne un aménagement du rez-de-chaussée des salles dans les appartements d’Anne d’Autriche. 13 salles sont crées par destruction de cloison pour obtenir une enfilade rythmée de colonnes en partant de la rotonde et donnant ainsi l’impression d’une galerie. Le Laocoon sera placé dans une niche bouchant une fenêtre sur la Seine dans le petit cabinet sur l’eau avec, perpendiculairement, l’Apollon du Belvédère. Ces deux ½uvres sont présentées sur un vase de Sèvres datant de 1813 :
1798-1799 : Bonaparte conquiert les Etats du Pape (Florence, Rome) ainsi que Naples. Il rapporte de Florence 107 toiles dont :
- Vierge à la chaise de Raphaël :
- Vierge de la Victoire de Mantegna :
- Mariage de la Vierge du Pérugin :
Enfin, la dernière campagne bonapartiste se déroule en Egypte jusqu’au Coup d’Etat du 18 Brumaire 1799 où Napoléon devient Premier Consul… .
De cette période, nous retiendrons les nombreuses saisies en Europe et les travaux muséographiques chargés de ponctionner les collections princières et royales.
To be continued…parce que certains vont avoir pas mal à lire :mrgreen: :mrgreen:D’s©