Amis de la prise de tete, des cephalees et autres enigmes a tiroir, essayez donc Paranoia 1.0. J'ai deja vu pas mal de films bizarres, qui demandent un serieux decryptage avant de faire sens (David Lynch mis a part, je n'ai presque rien vu de sa filmo). Mais la, je suis reste souffle par tant de... mystere?
Ambiance glauque, futur cracra qui rappelle une banlieue russe croisee avec l'hotel de Delicatessen. Jeunet d'ailleurs hante ce film, avec la galerie de portraits glauquissime. Un jeune programmeur (on penserait presque hacker, mais bon) recoit chez lui des colis... Mais une fois ouverts, il constate qu'ils sont desesperemment vides. Et aucune mesure de protection ne semble le mettre a l'abri de ces livraisons intempestives. Il va donc mener l'enquete aupres de ses voisins, tous plus dejantes les uns que les autres, entre un roboticien lunatique interprete par Udo Kier, une espece de skinhead a doberman a fond dans le SM, une femme un peu depressive, et son voyeur de proprietaire qui monitore tout ce petit monde derriere ses cameras. D'autres personnages hauts en couleur (facon de parler dans cet enfer visuel aux confins du sepia) comme le livreur, le concierge ou le vendeur de la superette viennent completer cette menagerie.
Que retient-on du film? Une parabole moderne sur le consumerisme, le formattage des gens, l'alienation par la technologie. Etouffant, c'est le mot. La fin arrive comme un cheveu sur la soupe, et on se demande longtemps apres le generique ou sont les gentils et qui etaient les mechants. Certains crieront a l'esbrouffe et au foutage de gueule. Mais ce serait avoir manque le propos du film. Tout le monde peut trouver son explication. Et apres tout, peu importe, puisque l'essentiel est ailleurs : on a eu droit a une bonne bouffe d'anxiogenes, et le malaise ne se dissipe jamais tout a fait. Un traitement dont on reprendrait presque une bonne dose...