Il n'est pas question d'évacuer les responsabilités de l'individu.
Mais pour moi, c'est la société qui fait les individus plus que les individus qui font la société. On veut toujours croire que l'on est son propre maître, toi, moi, les autres.
Parce que l'homme est un animal grégaire, il n'est pas dans sa nature de vivre seul.
L'homme est dominé par la société.
Sans que l'on se rende compte, c'est telles origines sociales qui feront que l'on aura tel comportement, que l'on osera ou non pousser la porte d'une bibliothèque... on surestime la capacité de l'homme à échapper aux pesanteurs de la société. Et c'est normal parce que ce serait désespérant, sinon.
Il faut changer les structures de la société, et il est évidemment impossible de demander à ceux qui sont en haut de la pyramide et qui dominent de scier eux-mêmes la branche sur laquelle ils sont assis.
La responsabilisation de l'individu correspond en fait une volonté de culpabilisation, de criminalisation de l'individu.
C'est dire à un individu qui n'a pas eu les moyens de s'en sortir à l'école que c'est de sa faute.
C'est évidemment faux, l'origine sociale étant déterminante malgré quelques rares exceptions.
L'école n'étant qu'une simple machine à légitimer/transformer des inégalités sociales en inégalités de compétence.
Mais on entend bien cette petite musique de "criminalisation/responsabilisation". Si tu es chômeur, c'est de ta faute. Si tu ne réussis pas à l'école, c'est de ta faute. Si tu es un petit délinquant, c'est de ta faute.
Par contre, bizarrement, l'idéologie néolibérale, la politique de mondialisation qui est volontairement menée depuis 30 ans par tout une série d'organismes (OCDE, FMI, Banque mondiale, UE), étrangement, personne n'y peut rien. C'est "un horizon indépassable", dont on peut éventuellement corriger les quelques (euphémismes pour l'ouvrier du Bangladesh) errements.
Les pays du sud exploités par les pays du nord, on n'y peut rien.
La guerre entre les puissants par procuration en Syrie, on n'y peut rien.
On est capable de poser au mètre près une sonde sur une comète à des millions de km de la Terre, mais on laisse crever l'Afrique, parce que l'on n'y peut rien.
On critique Poutine et Bachard, mais on fait ami-ami avec l'Arabie Saoudite et le Qatar. Parce que l'on n'y peut rien, c'est la realpolitik.
La facilité, c'est de culpabiliser l'individu en surestimant sa capacité à maîtriser son destin.