dans le genre populisme bien comme il faut, pouvoir des patrons, toussa, les bonnets rouges, ça se pose là, non?
Je veux dire, côté fraternité, on était servi, les idées du FN côtoyaient langoureusement celles du Front de Gauche, les employés ont défendu le droit des patrons de faire rouler des camions...
Cette somme d'intérêts particuliers a contribué à ce mouvement d'une telle ampleur.
Mai 68 n'est pas un mouvement d'un seul bloc. Les intérêts des ouvriers n'étaient pas les mêmes que ceux des jeunes, des étudiants... etc.
Et ainsi de suite.
De même, le mouvement des bonnets rouges est une somme d'intérêts particuliers : les camionneurs, les patrons, les régionalistes, la douleur des personnes qui ont subi un plan social... et bien sûr comme dans chaque manif, son lot de populistes et de fachos. Ce qui a donné le rassemblement de Quimper.
J'ai envie de dire, et alors ?
Il se trouve qu'à un moment donné, il arrive que des populations qui ont a priori des intérêts différents ont, l'espace d'un moment, une convergence d'intérêts pour aller dans une direction.
Évidemment que les patrons ont utilisé la peine des chômeurs, mais les chômeurs ont aussi utilisé le prétexte de l'écotaxe pour faire entendre leur douleur, les régionalistes comme Troadec pour mettre en avant la spécificité de la Basse Bretagne, etc. Troadec n'est pas un populiste comme cela a été dit, c'est un des rares élus qui défend des idées auxquelles il croit. Je sais, ça peut choquer dans le monde actuel.
A un moment donné, toutes ces populations ont trouvé un intérêt commun. C'est exactement ce que redoute tout pouvoir : la coagulation de plusieurs mouvements contestataires. Là, ça devient dangereux pour le pouvoir.
Alors je ne dis pas que le mouvement des bonnets rouges est une réussite, qu'il n'y a pas matière à critiquer. Mais faire le procès en illégitimité de part la variété des intérêts, "c'est un peu court, jeune homme", car là il faudrait faire la même critique à bon nombre de mouvements de grande ampleur.
Personne n'a encore trouvé, et ne trouve plus d'ailleurs, d'autres moyens de pression que de toucher au portefeuille des boîtes comme des individus... C'est naze, mais ça fonctionne.
Sur mon jouet, là, la page FB du Pontivy Journal, ils posent la question : "êtes vous pour ou contre la sanction financière aux non votants?"
Mais ouais, un peu que je suis pour ! Surtout quand j'entends le premier abruti venu dire "ouais, ils savent plus où trouver du pognon".
Mais, pauvre pine, sors toi les doigts du cul, prends ton vélo, va à pieds, prends ta caisse, peu importe, mais va mettre un papier dans cette urne à la con, à droite, à gauche, au milieu, blanc, nul, on s'en branle! Mais bouge toi le fion.
A défaut de changement, on s'en contentera comme d'un bon début, histoire de rappeler que ces gens au pouvoir ne représentent pas tant que cela les français, de les ramener à leur réelle mesure.
Mais bon, la démocratie est de toute façon malade. 50 % d'abstention aux départementales. Ca signifie quoi, dans ce contexte, la victoire de tel ou tel parti ? L'élection est quand même la base de notre "démocratie représentative" (expression détestable s'il en est). Cette "démocratie représentative" ne peut donc que s'écrouler si le peuple ne participe plus à ce processus.
Tant qu'il n'y a pas de vote blanc reconnu, il n'est tout simplement pas possible de sanctionner, d'obliger les gens à voter.
Car ce sera alors leur expliquer qu'il n'ont même plus le choix de refuser des politiques qui ne font plus leur travail.
Alors, au risque de faire populiste à mon tour, effectivement, ce type de "mesure incitative" va seulement du pouvoir aux citoyens. Il serait d'assez bon ton de montrer l'exemple. Je sais pas, moi, cogner dans le portefeuille des élus, par exemple...
Par ailleurs, comme le disait fort intelligemment l'autre jour ma môman, "si les politiques arrêtaient de prendre les français pour des demeurés et leur expliquaient pourquoi il faut faire des choix parfois difficiles sans les prendre pour des neuneus et leur faire des promesses intenables, on n'en serait peut-être pas là".
Seulement, tu ne peux pas demander à des politiques au pouvoir qui ont un pied dans les banques et un autre à Bruxelles de scier la branche sur laquelle ils sont assis.
Pour finir, il faudrait que je retrouve la citation exacte, mais elle est enfouie quelque part dans un cours de première année (autant dire faire de la spéléologie), en tous cas à chaque fois que j'entends le mot peuple, utilisé d'abord beaucoup par Le Pen quand il était responsable de sontas de merdeparti, j'y repense : "ceux qui parlent le plus de peuple sont aussi ceux qui ne s'intéressent pas à la population".
Mais qu'on n'oublie pas de s'en occuper.