Allez, on va faire dans la dentelle...
Paprika est parfaitement indigeste. Un film sur les rêves, mais qui tourne très vite au cauchemar. Si le parallèle rêves/cinéma est très bien présenté, si le côté schizophrène est bien mené, le film manque cruellement de fil directeur. A vouloir trop en étaler visuellement et narrativement, on se perd dans un déluge d'images qui vous donnera la nausée (le choix des couleurs est de ce point de vue très révélateur). Certes, la galerie de portraits présentée est tout à fait hors-norme, et tous les personnages sont des monstres. Jugez donc : la schizo, le schizo névrosé, le génie obèse, le nain homosexuel, le vieillard maniaque, l'apollon en laisse frustré de se faire prendre par son patron alors qu'il flashe sur les femmes...
Il y a ensuite les thèmes visuels écoeurants, comme la parade ou la poupée (vraiment flippante, avouons-le).
Un scénario qui sert plutôt de prétexte à une suite de morceaux de bravoure visuels...
Mais le dégoût finit par prendre, et trop c'est trop. On a l'impression de devoir avaler une pièce montée, couverte de crème. C'est très alléchant au départ, puis très vite la nausée vous prend. Je n'adhère pas du tout à cette vision du cinéma. C'est dommage que cette virtuosité visuelle ne soit pas au service d'une véritable histoire. L'image prend le pas sur la narration. Et contrairement à Cosette, dont l'on ressort enchanté (dans tous les sens du terme), on quitte Paprika en se jurant : plus jamais.
En vitesse : Babel. Très bon, très léché, mais trop "plat". Ca manque de quelque chose, c'est trop contemplatif, un peu trop lent à mon goût. Mais il n'empêche que ça reste de l'excellent cinéma.
La Nativité : chiant à mourir, plat, à oublier et vite.
Le Dahlia Noir : je hais ce film. Je n'ai jamais autant eu la sensation d'être violé intellectuellement par un cinéaste. Et pourtant; c'est De Palma! Horrible, horrible, trop long, je ne suis jamais entré dans cette histoire grotesque, abracadabrante, mal ficelée, et au dénouement expédié en 30 secondes. Je le considère comme l'escroquerie de l'année. J'avais envie de réclamer le remboursement du billet!
The Prestige : si vous aimez le ciné fantastique, courrez le voir. Attention chef-d'oeuvre. Nolan présente habilement, avec un luxe visuel étonnant, le monde des magiciens à la fin du XIXème. Surtout, l'histoire est un bijou, impossible à dévoiler, et la trame narrative... enterre bien des films à mon avis. De ce point de vue, je trouve Le Prestige supérieur à Babel, qui pourtant se distingue notamment par la façon dont l'intrigue est menée. Ce serait une honte de gâcher le plaisir en dévoilant ce qui se passe, et le tour de passe-passe narratif de Nolan. Mais à film sur les magiciens, film de magicien, et la conclusion de ce drame vous laissera toujours vous poser des questions insolubles. Un vrai tour de magie! :notworthy: